Déjà animateur de la catégorie GTP aux 24 Heures du Mans, qui a largement préfiguré l’arrivée des catégories GTP en IMSA et de la catégorie Group C, Jean Rondeau a naturellement été impliqué dès le début de cette dernière.
M382
La M382 est bien la première Group C produite par Jean Rondeau et son équipe, mais uniquement car le projet initial pour 1982 (M482) avait pris du retard (lire ci-après). La M382 reprenait largement le châssis existant de la M378 en le combinant avec le nouveau système de suspension développé pour la M482.
La M378 utilisait un châssis tubulaire en acier avec un renfort en tôle d’aluminium. Le moteur V8 Cosworth DFV issu de la Formule 1, déjà présent à bord des Inaltera, s’est avéré remarquablement fiable. En version endurance, il produisait 450 ch. La suspension était composée de doubles triangles à l’avant et de bielles parallèles avec doubles bras oscillants à l’arrière. Une boîte de vitesses à cinq rapports Hewland et des freins à disque Lockheed complétaient l’ensemble mécanique. La voiture était habillée d’une carrosserie en fibre de verre conçue avec l’aide de la société française « Bureau de Design Ovale ». Créée exclusivement pour Le Mans, la M378 était une voiture très glissante, dépourvue d’ailer arrière. Seulement deux ailerons pour une stabilité à haute vitesse étaient présents.
Sur la M382, la voiture est désormais dotée d’une queue légèrement plus longue, sans les protections de roues arrière typiques de la série M378/9. La M382 a été la toute première Rondeau mise à la disposition de clients. Rondeau a participé au championnat du monde, ne se focalisant pas uniquement sur Le Mans. Une décision récompensée dès la première course avec une victoire de la M382 aux 1000 km de Monza 1982, la première épreuve organisée avec les règles du Group C. La voiture victorieuse était alors équipée du tout dernier moteur DFL, d’une cylindrée d’un peu moins de 4 litres.
Au Mans, c’est une débâcle : aucune des M382 engagées ne voit l’arrivée à cause de problèmes électriques, engendrés par les vibrations du bloc DFL. Six Rondeau M382 ont été assemblées.
M482
Si la M382 est à considérer comme une véritable voiture de transition entre la réglementation Groupe 6 / GTP et l’arrivée des Group C, la M482 est en revanche la véritable première Rondeau pensée exclusivement pour les nouvelles règles Group C. L’étude aérodynamique de la M382 a été confiée à Max Sardou. La carrosserie est fabriquée en composite de résine d’époxy, de fibre de carbone et de Nomex en sandwich via Don Foster.
Les débuts en 1982 sont difficiles à Silverstone. C’est en 1983 à l’occasion des 24 Heures du Mans que l’on retrouve trois M482 pour la première fois ensemble en piste. Avec l’appui financier de Ford France, trois voitures sont engagées en plus des chassis M379 / M382 d’équipes privées. Rondeau est en difficulté financière, et a lancé en parallèle la production de monoplaces Formule Ford pour générer des revenus. L’aventure mancelle sonne comme l’ultime bataille de Jean Rondeau. Elle tourne à l’échec. Les évolutions aérodynamiques et tous les éléments ajoutés pour générer de l’appui entraînent une vitesse de pointe limitée à 310 km/h. A la mi-course, les trois M482 ont déjà abandonné. De 1984 à 1987, des M482 seront de nouveau engagées à titre privé avec une 12e place finale comme meilleur résultat pour l’équipe Graff Racing en 1987. Trois châssis M482 semblent avoir été assemblés.
Image : Rondeau M482 Ford France Le Mans 1983 – photo RM Sotheby’s